Hugo

Dec 10

Nouvelle prison de Bordeaux-Gradignan : surpopulation et manque d'effectif en vue de l'inauguration en 2024 Au cœur des enjeux du système carcéral de Bordeaux-Gradignan, l'actuel centre pénitentiaire, conçu pour accueillir 434 détenus, héberge actuellement 848 personnes, dépassant ainsi plus que la...Read more

Nouvelle prison de Bordeaux-Gradignan : surpopulation et manque d'effectif en vue de l'inauguration en 2024 Au cœur des enjeux du système carcéral de Bordeaux-Gradignan, l'actuel centre pénitentiaire, conçu pour accueillir 434 détenus, héberge actuellement 848 personnes, dépassant ainsi plus que largement sa capacité initiale. Une réalité qui transcende même les plans de la nouvelle prison en cours de construction, prévue pour offrir 600 places individuelles lors de son inauguration en mars 2024, à seulement quelques mètres du site actuel. "On récupère les clés le 1er mars. On va avoir deux mois et demi de rodage, c’est-à-dire qu’on va avoir à minima les détenus de l’ancien bâtiment B dans le nouveau bâtiment A. Puis vers mai ou juin, on commencera le transfert des détenus", explique Hubert Gratraud, offrant un aperçu des défis à venir. Malgré un investissement conséquent, estimé à environ 115 millions d'euros selon FO Justice, la nouvelle prison suscite des débats houleux. Les surveillants, bien que confiants quant aux améliorations attendues, expriment des réserves. "Oui c’est positif, on va avoir un établissement neuf, avec du nouveau matériel, les cellules sont plus grandes. Ça va être une belle structure", exprime Hubert, syndiqué à FO Justice. Cependant, l'inquiétude persiste quant à la surpopulation. Christian partage son scepticisme : "Ça va être un fiasco, cette nouvelle prison. On demande des prisons à taille humaine, de 300 places, et l’État nous ouvre des usines, c’est ça qui est ingérable. Oui elle va être aux normes, mais on va retrouver la même densité carcérale, même pire." Christian et son syndicat de l’UFAP, tout en préparant l'ouverture et le rodage, anticipent déjà des défis considérables. "Il faut environ trois à cinq ans pour qu’une nouvelle prison tourne bien. Vu la situation actuelle, en un an et demi, on va très vite se retrouver à 1200 détenus. On va juste déplacer le problème." Hubert Gratraud ajoute : "je pense que l’État va garder l’ancien centre pénitentiaire, qui avait pour but d’être détruit, pour absorber le futur surplus du nouvel établissement. Mais à ce jour, rien n’est figé." Le manque d'effectif constitue également une préoccupation majeure pour la nouvelle prison. Dominique Simonnot exprime son inquiétude : "Il y a personne, c’est une catastrophe, j’ai discuté avec différents directeurs, ils ont peur de ne pas trouver de personnel." Actuellement, 77 postes de surveillants supplémentaires sont à pourvoir pour assurer la transition entre les deux centres pénitentiaires et pour le futur établissement, mais la direction peine à recruter. Les défis se profilent donc à l'horizon de l'inauguration en 2024, mettant en lumière la complexité persistante du système carcéral de Bordeaux-Gradignan.

Dec 9

La décompensation psychique des Surveillants Pénitentiaires : un regard profond sur les répercussions du quotidien carcéral La pression inhérente à la surpopulation, au sous-effectif, à l'absentéisme, au manque de reconnaissance et à la pression hiérarchique laisse des séquelles profondes sur les s...Read more

La décompensation psychique des Surveillants Pénitentiaires : un regard profond sur les répercussions du quotidien carcéral La pression inhérente à la surpopulation, au sous-effectif, à l'absentéisme, au manque de reconnaissance et à la pression hiérarchique laisse des séquelles profondes sur les surveillants pénitentiaires. En première ligne de cet environnement stressant, la décompensation psychique devient une réalité palpable, reflétant une phase de rupture de l'équilibre psychologique due à des événements quotidiens éprouvants. Cette manifestation peut prendre diverses formes, allant du psychotique au dépressif, en passant par le maniaque, l'anxieux, voire l'alcoolique. Les symptômes de la décompensation incluent la confusion, les phobies, les addictions, les crises d'angoisse, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) et les dépressions, impactant gravement la santé mentale des surveillants et nécessitant souvent des arrêts de travail. Les conséquences s'étendent bien au-delà des heures de service, les surveillants peinant à se détacher de leur travail. "On est tellement peu nombreux qu’on n’a pas le temps de faire nos tâches. J’ai pas l’impression de faire mon travail", témoigne Christian, exprimant sa frustration. Cette tension professionnelle a des répercussions sur la vie personnelle des surveillants, entraînant des problèmes tels que divorces, alcoolisme et violences domestiques. Les témoignages recueillis par Dominique Simonnot, Contrôleuse Générale des Lieux de Privation et des Libertés (CGLPL), illustrent l'ampleur du désarroi chez les surveillants. "Lors de mes visites à Gradignan, j’ai parlé à beaucoup de surveillants qui m’ont dit, Madame, mais je fais un boulot de merde, on n’y arrive pas." Face à ces défis psychologiques, l'administration pénitentiaire a mis en place des suivis psychologiques assurés par des professionnels de la Direction Interrégionale des Services Pénitentiaires de Bordeaux. Ces suivis, destinés à fournir un soutien efficace, sont disponibles dans les onze maisons d'arrêt de Nouvelle-Aquitaine, à la demande des surveillants. Malgré ces efforts, la situation demeure complexe et exigeante pour les surveillants qui luttent au quotidien.

Nov 25

Nouvelle vidéo sur mes réseaux sociaux.

Nov 25

Au sein du centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, les trafics de drogues et de téléphones occupent une place importante dans la vie des matons. « On trouve de tout à Gradignan, des stupéfiants, de la cocaïne, des armes blanches et une quantité incalculable de téléphones portables » explique Ch...Read more

Au sein du centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan, les trafics de drogues et de téléphones occupent une place importante dans la vie des matons. « On trouve de tout à Gradignan, des stupéfiants, de la cocaïne, des armes blanches et une quantité incalculable de téléphones portables » explique Christian, surveillant pénitentiaire en arrêt de travail. Le sous-effectif chronique parmi les surveillants joue en faveur de la prolifération de ces trafics au sein même des murs de la prison. Dominique Simonnot, de la CGLPL, explique que la situation est “devenue incontrôlable”. Le manque de ressources humaines, combiné à la complexité des procédures et au nombre incalculable de rapports à traiter, laisse les surveillants débordés et impuissants face à l’ampleur de ces trafics. « Il y a tellement de procédures et de rapports que nos chefs nous ont dit de lâcher prise et de laisser faire les détenus. Alors qu’on sait que fumer, avoir un téléphone, c’est interdit mais on est trop débordé. » confie Kheli, surveillant pénitentiaire dans le service des bracelets électronique. Certains surveillants sont impliqués dans ces trafics, participant parfois par domination ou sous le chantage des détenus. Kheli* révèle: « On a appris qu’un collègue participait au trafic, je ne pensais pas qu’il en était capable. Il s’est fait choper il y a pas longtemps, je le connaissais très bien. Il avait plus de 25 ans de boîte ». Le récit de Kheli* met en lumière la vulnérabilité de certains surveillants qui peuvent être rapidement enrôlés dans ces activités. « Il y a des surveillants qui sont faibles de caractères, et ça peut aller très vite. C’est arrivé à deux, trois collègues que je connaissais. Quand ça commence, ils vont te demander de faire rentrer des conneries comme du chocolat, ensuite, c’est du tabac, des paquets de cigarettes et après ça te demande des stupéfiants. Une fois que vous avez fait rentrer du shit, c’est fini, le détenu vous tient et vous fait chanter. ». La lutte contre les trafics en prison à pris une tournure ingérable pour les surveillants depuis la régulation en 2009 des fouilles corporelles post-parloirs. Une mesure instaurée en réponse à une décision de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qualifiant les fouilles à nu de “déshumanisantes”. Initialement destinée à protéger la dignité des détenus, cette régulation a cependant ouvert la voie aux difficultés pour les surveillants. Kheli et Christian partagent leur constat : « On en finit plus, c’est ça qui est aussi déstabilisant pour nous, surveillants. Parce qu’on est totalement impuissants et débordés”. La réglementation stricte exige désormais des autorisations pour effectuer des fouilles, même dans les situations où la suspicion de trafic est forte. Les parloirs, moments de contact entre les détenus et leurs proches, sont devenus comme le principal point d’entrée de marchandises illégales en prison. La frustration ressentie par les surveillants est exacerbée par leur connaissance des risques, des trafics qui rôdent et des restrictions imposées. Ces facteurs les empêchent d’agir de manière proactive. Kheli exprime ce sentiment de noyade, “ Maintenant, il nous faut des autorisations pour fouiller, donc on sait ce qu’il y a, on sait ce qui tourne, mais on n'a pas le droit de fouiller comme on veut. »

Nov 15

Ce mardi 14 novembre, j'ai eu le privilège de rencontrer Christophe de La Condamine, un individu aux multiples dimensions, âgé de 60 ans. Ancien braqueur ayant purgé une peine de quatre années, il s'est aujourd'hui reconverti en devenant peintre en bâtiment. Parallèlement à son métier, il exerce éga...Read more

Ce mardi 14 novembre, j'ai eu le privilège de rencontrer Christophe de La Condamine, un individu aux multiples dimensions, âgé de 60 ans. Ancien braqueur ayant purgé une peine de quatre années, il s'est aujourd'hui reconverti en devenant peintre en bâtiment. Parallèlement à son métier, il exerce également en tant que conférencier, partageant son expérience d'ancien détenu, et il est membre actif de l'Observatoire International des Prisons (OIP). Au cours de cette rencontre, Christophe a partagé avec moi les contours de son parcours singulier, détaillant sa transformation depuis son passé délictueux jusqu'à sa vie actuelle consacrée à des activités légitimes. En qualité de conférencier, il a évoqué son vécu carcéral, mettant en lumière les défis auxquels les détenus font face au sein des établissements pénitentiaires. Par ailleurs, notre échange a également porté sur son point de vue en tant qu'ex-détenu vis-à-vis des conditions de travail des surveillants pénitentiaires. Christophe a apporté des perspectives éclairantes sur les réalités complexes de cet environnement, soulignant les tensions et les enjeux auxquels est confronté le personnel pénitentiaire. Retrouvez le portrait via ce lien tiktok